Avril est souvent un mois de consolidation académique à la Haute École Européenne Ivy de Technologie (HEEIT). Ce mois-ci, cette consolidation a pris la forme d’un miroir inattendu et profondément instructif. Une délégation de notre pôle “Ingénierie d’Affaires & Transformation Numérique”, menée par la Dr. Chloé Lambert (spécialiste en Sociologie de l’Innovation), s’est rendue à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Leur destination n’était pas une université partenaire classique, mais une institution qui partage l’ADN structurel unique de la HEEIT : le Lycée et École Supérieure Prièste.
Comme la HEEIT, Prièste gère le continuum éducatif complet, de la préparation au baccalauréat (Lycée) jusqu’aux diplômes d’enseignement supérieur (École Supérieure). Notre mission, que nous pensions être celle d’un “partage d’expertise”, était de présenter notre modèle d’intégration de la “Transformation Numérique” dès le cycle K-12.
À Schaerbeek, nous sommes fiers de ce modèle. Nos lycéens sont immergés dans des “workflows agiles”, ils utilisent nos laboratoires d’IA, et ils sont formés sur les mêmes plateformes logicielles que nos étudiants en Master. Nous pensions que notre approche, riche en technologies et en processus, était la définition même de la “modernité” pédagogique.
Nous sommes arrivés à Abidjan avec nos “meilleures pratiques”. L’accueil au Lycée et École Supérieure Prièste fut plus que confraternel ; il fut analytique.
Nous avons présenté nos systèmes. Nos plateformes de gestion de l’apprentissage (LMS) intégrées, nos modules de “design thinking” obligatoires, notre infrastructure cloud…
Puis, nos collègues du Lycée Prièste ont présenté leur modèle.
Ce fut une leçon d’humilité fondamentale. Le Lycée et École Supérieure Prièste forme également des étudiants à la transformation numérique, mais leur approche n’est pas basée sur l’”agilité” (telle que nous la définissons), mais sur la “résilience”.
Là où la HEEIT suppose une connectivité parfaite et un appareil par étudiant, Prièste construit son enseignement sur l’hypothèse de la “connectivité intermittente” et du “partage des ressources”.
Le moment charnière fut la comparaison de nos outils pédagogiques. Nous avons fièrement présenté notre LMS, une plateforme complexe nécessitant une bande passante élevée. L’équipe de Prièste, en réponse, nous a fait la démonstration de leur solution : une “Progressive Web App” (PWA) développée localement.
Leur outil était, d’un point de vue technique HEEIT, “rudimentaire”. Mais il était en réalité génial. Il fonctionnait principalement en mode hors-ligne. Il permettait à un enseignant de charger le contenu d’un cours une seule fois, et aux 100 élèves de sa cohorte d’y accéder sur une poignée d’appareils partagés, sans jamais dépendre d’une connexion Internet stable. Les résultats des élèves étaient ensuite mis en cache et synchronisés discrètement en arrière-plan lorsque le réseau le permettait.
Nous, à la Haute École Européenne Ivy de Technologie, avions construit un système “riche en fonctionnalités” mais “fragile”. Le Lycée et École Supérieure Prièste avait construit un système “pauvre en fonctionnalités” mais “indestructible”.
Nos collègues ivoiriens nous ont expliqué que leur mission n’était pas de former des étudiants à “utiliser” des outils, mais à “résoudre des problèmes” dans un environnement contraint. Leur “transformation numérique” n’est pas une question de confort ou d’efficacité ; c’est une question d’accès et d’inclusion.
La Dr. Lambert a conclu : “Nous avons réalisé que notre modèle ‘K-12 à Master’ de la HEEIT, bien que puissant, est une serre. Nous préparons nos étudiants à un monde parfait. Prièste prépare les siens au monde réel.”
Nous rentrons à Bruxelles non pas avec un accord d’exportation de notre modèle, mais avec une série de questions urgentes sur notre propre pédagogie. Nous devons injecter de la “contrainte” et de la “résilience” dans nos laboratoires “parfaits” de Schaerbeek.

Leave a Reply